Feux tricolores et autres clichés.



Quand le cri la réveille dans la nuit, elle ne tarde pas à se rendormir. Ses cheveux reposent sur l’oreiller. Ses volets sont mi-clos. Au petit matin, elle aperçoit le canapé de son voisin, cramé sur le trottoir.

En buvant son café, il regarde la foule. Sur la table, il pose un roman qu’il ne lira pas. Les soldes viennent de commencer. Il prend le temps de regarder les femmes qui sortent des magasins. Tout se passe comme si elles glissaient sur des coussins.

Elle lui parle de son violon. Elle dit qu’elle lui a donné un prénom, qu’il est bien plus qu’au objet. Lui, dit qu’il n’a pas encore prénommé son stylo. Ils marchent près du château. Ils se reverront bientôt.

Ce midi dans le bus, des ondes colorées lui traversent le corps. Il ne comprend pas encore ce qui lui arrive. Pour ça, il lui faudra du temps. Pour l’heure, il porte un chapeau entre ses mains et sur ses lèvres, un sourire perdu.

Depuis la rupture, ils sont contraints à vivre ensemble. Ils mangent ensemble. Ils ne parlent plus. Ils ne font plus l’amour. Ils perdent leur temps à se prouver l’impossible. Lui, vient de trouver un nouveau travail. Il dort par terre.

Au parc, elle lui demande si ce sont les canards qu’on entend. Il lui dit que ce sont les grenouilles, les grenouilles adorent l’été. Elle lui demande si le loup aussi aime l’été. Il lui répond que le loup n’existe sûrement pas.

Ils se retrouvent à la bibliothèque où ils s’installent sur une table en verre près des fenêtres. Ils travaillent un peu et rigolent beaucoup. A côté, une jolie brune regarde vers l’extérieur. Elle porte une robe légère.

Ils parlent de leur enfance. Ils disent qu’ils resteront fidèles à toutes ces premières fois. Quand il lui dit qu’il part pour l’hémisphère sud, il ajoute qu’il vérifiera dans quel sens tourne l’eau dans le lavabo.

A l’aéroport, il sent les larmes monter. Pourtant, il n’a aucune raison de pleurer. Tout se passe comme si son corps voulait lui envoyer un message trop volumineux pour qu’il puisse le recevoir en une seule fois.

Sur la plage, ils se lisent des histoires. Les mots parlent de voyage, d’amour, d’aventure. Ils mijotent l’avenir ensemble et ils se disent que - quoi qu’il arrive - tout ça vaut le coup.

Un groupe de filles s’agite à l’entrée du Skate Park. En les voyant, il tente une figure acrobatique en haut de la rampe. Plus tard aux urgences, il se dit que quand même, ça valait le coup.

Il est tard quand il sort du bassin. Il prend sa douche et enfile ses chaussures avant que les néons ne s’éteignent un à un. Quand le tramway arrive, son regard reste scotché aux feux tricolores. Dans ses poumons, il commence à sentir une émotion longtemps oubliée.


6 commentaires:

  1. Trés bel article. Les émotions sont bien transmises.
    Henry s'y trouve bien, une place pour lui, il en est fier ;)

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  2. Dans mon blog,pour le moment, il n'y avait aucun OBJET qui coûte un bras et qui ait traversé les 2 guerres mondiales. Je trouvais ça assez classe d'en mettre un.

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  3. C'est bien tu mets tes propres erreurs en majuscule ;)
    Mais ça fait classe, je te le concède.

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  4. Bon, bon, tu sais ce que je vais faire ? Je vais retourné voir le luthier et lui demander s'il restaure des objets ou des hommes. On sera fixé ! ^^

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  5. Haha, il te dira qu'il restaure des oeuvres d'art ;)
    Ceci dit une escapade chez le luthier c'est toujours une sortie fortement tentante...

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  6. Il y a une odeur inimitable dans cet endroit, c'est marrant.

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