Quand
il était petit, il s’endormait en lisant Mickey Parade et se réveillait avec
l’odeur de brûlé laissée par la lampe, couchée sur l’oreiller. C’était une
forte odeur qui entrait dans ses narines pour ne jamais en ressortir. Du plus
loin qu’il s’en souvenait, son sommeil avait toujours été doux et bon. Il aurait fallu
un cyclone pour venir changer la donne. Avant d’aller dormir, il élaborait des
scénarios qu’il pensait pouvoir reproduire dans la nuit. Sa soeur lui avait
dit qu’en se concentrant suffisamment, c’était possible. Il y croyait. Suivant
ses conseils, il fixait pendant plusieurs minutes son attention sur une image
afin de pouvoir la pousser bien au fond dans le noir. L’image était souvent ce corps et ce visage de cette fille dans sa classe. Dans son esprit le
soir, elle était presque aussi vivante que le midi quand ils mangeaient
ensemble. Il imaginait ses cheveux, ses yeux noisette, sa
voix, son odeur. C’était agréable, même s'il ne se souvenait jamais si elle le suivait dans la nuit.
Un samedi midi, il déterrait la boîte au pied du chêne. Il grattait la
terre tandis que l’odeur d’ortie envahissait l’espace. La boîte apparut, cernée par un
mélange de racines. A ce moment là, elle lui était déjà familière. Il s’en
saisit comme d’un trésor et grimpa agilement les branches pour atteindre
la cabane. En haut, le passage se compliquait. Il fallait s’appuyer sur le
tronc et en même temps pousser sur ses bras pour se hisser sur la palette.
C’est ainsi que son pied glissa contre l'écorce humide et qu’il s’écorcha le
bout des doigts sur un vieux clou. Il eût heureusement le réflexe de se
rattraper à une branche et sa blessure ne fut que bénigne. Une fois dans la
cabane, il suça le sang qui coulait dans sa main et s’assit contre la
palette située en diagonale. Il s’ajusta pour se placer dans les interstices, afin que les lames de bois ne lui entrent pas dans les omoplates, puis
il ouvrit la boîte. Les
photos étaient enroulées à l’intérieur. Elles étaient désormais si nombreuses qu’il était difficile de les déloger. En disposant les photos sur les
lames de bois, il constata avec surprise que ses amis étaient venus remplir la
boîte depuis dimanche dernier. Il y avait de nouvelles photos, prises sur le vif. Il les regarda avec le coeur au ventre et une énergie presque violente. Ces nouvelles photos
étaient beaucoup plus convaincantes que les anciennes, et sa fascination elle,
allait croissante.
La musique est plutôt bien choisie :-)
RépondreSupprimerMerci, je finissais par croire qu'il y avait que ma soeur qui écoutait les morceaux. Pour le personnage, c'est un travail de longue haleine, de recherche... Rien à voir à avec moi. Petit, je lisais Picsou Magazine.
RépondreSupprimerAu fait, ton pseudo tu l'as mis devant le resto U un jour de printemps, c'est ça ? Tu lisais quoi quand t'étais plus petite ? (mis à part les partitions libres de Marin Marais)
RépondreSupprimerJe note que tu te souviens de Marin Marais. Tu te cultures. Mais non, à l'époque, la musique baroque, ca m'intéressait autant que le sport ou les voitures électriques. Je faisais la touriste aux cours de musique. Par contre je passais mon temps à lire. Pendant tes heures Picsou Magazine (dont mon oncle a la collection, soit dit en passant) moi je me ruais sur le journal de Mickey!
RépondreSupprimerPour mon pseudo, le Tournesol traumatisé ça le faisait clairement pas ;)
Ton oncle est un homme bon, je lui confierais le bon dieu s'il existait.
RépondreSupprimerUn Tournesol traumatisé, c'est quoi, une plante qui a connu les tranchées ? (Aïe, même à l'écrit, ça passe pas, ça passe pas. Elle passe pas.)
RépondreSupprimerJ'aurais plutôt vu ça comme un tournesol qui s'est un peu grillé les pétales. Il a certainement trop cherché à se rapprocher du soleil. Ca grille les neurones à courte distance.
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