« Drive » est un morceau d’humanité et de barbarie qui fait mal, très mal.
Le cinéaste danois Nicolas Winding Refn n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Ceux d’entre nous qui ont vu les 3 volets de la série « Pusher » ne sous-estiment probablement pas sa force de frappe. Ces plongées ultra réalistes dans le microsome de la mafia d’Europe du nord étaient sidérantes de cruauté et de violence ; « Pusher » ou comment des dealers à la petite semaine se font broyer par cette organisation implacable.
Ici, l’action se situe à Los Angeles, nocturne de préférence.
On y rencontre un cascadeur (interprété par l’excellent Ryan Gosling) qui semble mener une existence plutôt ennuyeuse sur les plateaux de tournages. C’est peut être d’ailleurs pour pimenter tout ça qu’il décide de devenir chauffeur pour épauler des gangsters dans quelques casses ici et là.
Winding Refn renoue alors avec un thème récurrent dans son œuvre, celui du type paumé qui met le doigt dans un engrenage qui finira par lui coûter cher, très cher.
Il se noue effectivement une relation à mi-chemin entre l’amitié et l’amour entre le chauffeur noctambule et une jeune voisine. Tout se complique quelque peu quand le mari, sortant de prison, se retrouve poursuivi par des créanciers plutôt pressants.
Derrière cette trame qui peut paraitre convenue, ça frémit sévèrement, non seulement la BO est tonitruante (Nightcall de Karvinsky et Tick of The Clock de The Chromatics : à se tordre de plaisir) mais surtout, la mise en scène est d’une ingéniosité hors norme. Il y a des trouvailles époustouflantes qui rendent LA majestueuse, et les courses-poursuites en voitures proprement ahurissantes.
Surtout, la scène d’anthologie, le baiser dans l’ascenseur le plus borderline de toute l’histoire du cinéma. De quoi montrer avec force que la frontière entre l’amour et la haine est extrêmement poreuse. Winding Refn filme d'ailleurs la violence comme Lary Clark le sexe, sans fioritures et intégralement. Le spectateur aura tendance parfois à porter son regard au plafond, mais ce n'est pas là le plus intéressant.
Avec de tels titre et scénario, on aurait pu s’attendre à un film d’action nian nian ou exagérément moraliste, à contrario, on évolue dans un film esthétiquement renversant, soutenu par des dialogues minimalistes.
Beaucoup soulignent l’exploit Gosling, j’aimerais donc porter l’attention sur la prestation subtile et émouvante de la belle Carey Mulligan. Juste sublime.
« Drive » brouille les pistes et ne mène jamais le spectateur là où il entend aller.
Une qualité plutôt rare. Assez rare pour que l’on s’y attarde.
Magnifique long métrage, justement primé à Cannes pour sa réalisation. Superbe BO je suis bien de ton avis, je l'écoute quasi en boucle depuis que je suis allée voir ce film au cinéma.
RépondreSupprimerSi tu veux lire notre avis plus en détail: http://cafardsathome.canalblog.com/archives/2011/11/02/22558261.html
Effectivement, nos chroniques se rejoignent pleinement. Pour la BO, je l'ai également mise sur mon iPOD, elle est juste tonitruante.
RépondreSupprimer"Nightcall" est un merveilleux moyen d'instiller du lyrisme dans des déambulations urbaines et nocturnes.
Le blog de "bric et de broc" me semble aussi être une bonne adresse pour flâner. :)