Arcade Fire - The Suburbs (2010)



L’hiver. 17h. La nuit s’installait et le long de la côte les embruns me fouettaient le visage.
Je me souviens de « The Suburbs » qui filait en moi, m’envahissait, me donnant presque le vertige. En fait, non, ce n’était pas le nouveau Arcade Fire. Trop lisse, trop fade.
Arrivé à « Month of May », je me souviens distinctement m’être arrêté. Reprenant mon souffle, je cherchai à comprendre : Comment ce magma infect pouvait il succéder au magistral « Neon Bible » ?

Vous vous souvenez du jeu sur les boites de céréales qui consiste à relier des points les uns aux autres, en suivant l’ordre des chiffres ? Eh bien, le sentiment que nous ressentions enfants lors de la découverte du dessin final, je le qualifierai d’ «effet The Suburb ».

Le 1er point à émerger fut l’irrésistible « We used to wait » qui m’a sauté au visage. Un fil d’Ariane providentiel émergea alors, me menant à la pétulante « Sprawl II (Mountains Beyond Mountains) ». 2ème point. Puis, par une douce inclinaison opérée par « Deep Blue » et « Subarban War », les autres pièces de cette mosaïque se sont toutes retournées pour ne faire qu’une seule et même image.

Une emprunte unique. Un bouleversement par l’esthétique.
Après avoir confectionné des paysages tortueux, ornés d’intimidantes cathédrales sonores, Arcade Fire réussit admirablement sa mue.

« The Suburbs » est un retour moins enfantin que proprement revigorant.


En annexe, je me fais plaisir (c'est mon blog après tout) : Je viens de finir le merveilleux roman de Dany Laferrière "L'odeur du café", et je souhaiterai en ancrer ici un extrait, non seulement parce que Laferrière est lui aussi canadien, mais surtout, parce qu'il décrit bien ce sentiment enfantin dont nous sommes encore pétri à l'âge adulte.



" Cette chose aimait à arriver l'après-midi. Brusquement, sans raison, au milieu d'un repas ou en parlant à Da, ou juste en étudiant ma leçon de géographie, ou même en courant faire des commissions chez Mozart. Brusquement, mon coeur se met à battre à une vitesse folle. On dirait qu'il va sortir de ma bouche et tomber par terre. Je le vois, là, à mes pieds, tout sale et sur le point d'être dévoré par une colonie de foumis ailées. A ce moment-là, il me faut arrêter tout mouvement, car elle n'est pas loin. Vava est dans les parages. Je la sens qui s'approche. Mon ventre se met à bouillir. Ma tête devient vide. Je suis en sueur. Mes mains sont moites. Je me sens mal. Je vais mourir."

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