Bandes dessinées "polardesques"

Le polar et la bande dessinée sont trop souvent traités comme de la "sous-litterature".  

Que dire alors du traitement des bandes dessinées portant des intrigues policières?

Les bandes dessinées "polardesques" connaissent pourtant un intérêt croissant des lecteurs, dont je fais partie.

Faisant voler en éclats bien des préjugés, certaines maisons d'éditions déchirent le voile en se lançant dans des publications aventureuses.

Ici, je ne peux pas ne pas penser aux éditions Gallimard et aux 2 premiers volets de Frederik Peeters, intitulés RG. Il s'agit des aventures d'un agent des renseignements généraux, dans le Paris du XXIème siècle : plus vrai que nature. Gardes à vue, et filatures autour du grand banditisme, seront au menu.

De drogue, de prostitution, il est également question dans les 4 premiers tomes de Blacksad, même si en l'occurrence, l'intrigue s'ancre aux Etats-Unis. J. Blacksad est un personnage extrêmement fouillé, et très attachant du fait même de ses multiples contradictions.

Si l'intrigue policière est impeccable et inénarrable, elle est surtout mise en mouvement admirablement, par le dessinateur espagnol Juanjo Guarnido. 

Prenez le tome 4 en main, et vous aurez une oeuvre littéraire, ultra jazzy, dont le personnage principal n'est autre que la Nouvelle Orléans. 

Plus belle ville des EU, comme chacun le sait (la mauvaise foi est tellement agréable).

Le plus étonnant en lisant Blacksad, c'est que sans le vouloir, l'anthropomorphisme marche à plein régime.

Je voulais également attirer votre attention sur l'initiative originale des éditions Rivages.

Forte d'un catalogue de romans policiers proprement ahurissant (Bunker, Ellroy...), il leur est venue l'idée de demander à des dessinateurs d'en retranscrire certains en BD. Certaines œuvres des plus grandes plumes du roman noir US ont été revisitées, notamment celles de James Lee Burke, ou encore Denis Lehane.

Prenez "Shutter Island", en quelques années, il s'est métamorphosé de roman, en bande dessinée, puis en film.

Ma foi, pour des genres littéraires parfois considérés comme "bas de gamme" ou "puérils", il me semble que le polar et la bande dessinée ont encore de beaux jours devant eux.