Les cerises dans le saladier blanc.




Depuis leur rencontre virtuelle, Agathe occupait toute sa vie. Tout en lui ne vivait plus que pour elle. Il ne pensait qu’à elle. Rien d’autre ne comptait à ses yeux. Il connaissait à peine son physique, mais il savait qu’elle était la fille qu’il lui fallait.
Le soir en se connectant, il adorait lire ses mots. Il y avait une énergie derrière qui l’électrisait littéralement. Au fil du temps, Agathe s’était de plus en plus dévoilée. Pourtant, elle s’était contentée de ne lui envoyer qu’une simple photo, un cliché sur lequel elle avait l’air de s’ennuyer ferme. De son côté, il lui avait envoyé des photos qui fleuraient bon la mise en scène. Assis dans un fauteuil, chemise entrouverte, il arborait un large sourire.
Il l’aimait. Il pouvait tout devenir pour elle. C’était son premier véritable amour, et cette année-là, lorsqu’elle lui annonça qu’elle voulait qu’il soit le premier homme à la découvrir vraiment, l’hiver était passé comme un minuscule printemps et l’été arriva.

En juillet, il traversa la France pour venir à Antibes. Ils se donnèrent rendez-vous place Sully. Il s’installa une nuit à l’hôtel et à dix heures du matin, il était planté près d’un arrêt de bus. Des gens passaient autour de lui. Le monde semblait encore exister quelque part, mais lui était dans un état d’excitation qui frôlait la folie pure.
Quatre ans qu’ils parlaient silencieusement, quatre ans qu’ils y allaient à coup de métaphores, et maintenant cette fille allait traverser la place pour venir le voir. A cette idée, son corps entier le soulevait.
Quand elle arriva, une courte déception s’envola vite. Elle était belle dans le bus à regarder les vitrines, belle sur la plage à lui présenter ses amies. Elle était incroyable à lui montrer sa chambre et son ordinateur. Après le dîner, l’ivresse commença à tous les deux les gagner.
Ils allumèrent l’ordinateur et les messages de leurs amis déferlèrent sur l’écran. Mais même si ça les amusait d’être au centre de l’attention, ils éteignirent vite l’ordinateur, puis ils étreignirent ensemble leurs mondes. A côté du lit, était posé un saladier où trempaient des cerises.

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