Avant
ce texte, je précise que Laure n’existe pas et qu’Arnaud n’est pas exactement moi, même s'il est vrai que j'aime marcher, et que comme une tripotée de gens, je me suis un jour trouvé dans la peau du quitté.
Laure
est venue chez ses parents après son épreuve de physique. Arnaud n’était pas là
alors c’est sa mère qui l’a fait entrer. Elle est montée dans sa chambre, mais
un quart d’heure plus tard, elle est repartie.
Le
soir, elle lui a envoyé un message Facebook qui disait : Tu parles jamais
de moi, alors toi, ton crayon, et ton ego, allez vous faire foutre. Sur le
coup, Arnaud n’a pas compris. En plus, le message était public. Tout le monde
était au courant avant lui.
Puis il a vu le cahier sur le lit. Il l’avait ressorti la veille par curiosité, mais
il n’avait pas encore eu le temps de le lire. Il ne datait jamais ses
cahiers, mais il était sûr d’avoir écrit celui-ci bien avant leur rencontre. Il
n’avait écrit depuis que sur des Clairefontaine.
Arnaud
n’a plus dormi de la nuit. Il savait que quelque chose s’était définitivement
brisé en lui, mais il a quand même relu le cahier pour comprendre, vérifiant
les signes que Laure aurait pu laisser.
Il
n’y avait rien de choquant dedans, quelques mots grossiers peut-être,
mais ce n’était sûrement pas ça qui l’avait fait fuir. Dans l’ensemble, c’était même carrément ennuyeux. Etait-ce ça ? L’avait-elle quitté par peur de s’ennuyer
avec lui ?
En
fait non, ce n’était pas ça. En réfléchissant, il se souvenait que depuis
quelques temps, elle s’était montrée distraite. Elle l’avait regardé avec moins
d’amour. Elle l’aimait moins, et pour elle, aimer moins était synonyme de ne
plus aimer du tout.
Depuis
ce jour, ils ne s’envoyèrent plus aucun signe de vie. Arnaud ferma son compte
Facebook et traversa vaguement les grandes vacances. Quand même, il avait été
soulagé d’avoir son bac et l’humour de ses amis ne cessait de le ramener à la
surface.
En
le quittant, Laure avait ouvert en lui une brèche d’où filtrait la colère, et ce
n’est qu’à la rentrée universitaire, quand il partit ailleurs, qu’il comprit qu’il
y avait quelque chose à saisir jusque dans cette énergie vénéneuse.
C’est
d’ailleurs à ce moment qu’a commencé son obsession pour les fruits. Ce
changement ne venait pas des spots télés qui obligent à en manger 24 sur 24,
c’était bien autre chose, plus fort, comme une envie trop réfrénée.
C’est
aussi là qu’il a entamé ses longues marches à travers la ville, sous les
arbres, le long du fleuve. Il s’est mis subitement à poser des questions
étranges sur le monde. Il a questionné ses proches sur les arbres, les plantes,
les fleurs.
Il
souffrait sincèrement, et pourtant, il n’a pas laissé sa mémoire s'emballer. Parfois même en marchant, il s’est arrêté pour profiter de
l’instant, et il a senti sa colère se muer peu à peu en une chose nouvelle.
Si Arnaud était une femme, il est clair qu'il penserait déjà au prénom.
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