Bertrand Belin - Hypernuit (2010)



Il y a peu, la chanson française m’était aussi familière que la poésie médiévale du Turkménistan. Mélodies ronflantes, mélodies absentes, ces chansons me procuraient autant de plaisir que de parcourir un roman dans une langue inconnue.

Puis vinrent Bashung , Biolay et Dominique A, vinrent « la nuit je mens », « qu’est ce que ça peut faire ?» et « le courage des oiseaux », et le plaisir est venue poindre en creux.
C’était une découverte : les mots et les mélodies faisaient corps pour tisser de nouveaux horizons.

Dans « Hypernuit » de Bertrand Belin, l’artiste au patronyme passe-partout crée un univers épuré, emprunt de délicatesse.  Ici, la mélodie entraine les mots, et non l’inverse.
Le chant un brin nonchalant laisse apparaitre une beauté presque surannée.
Au-delà de l’instant.

Cette folk épineuse et minimaliste est portée par des morceaux savoureux tels que « Avant les forêts » et « Ta peau ». Ici, il est difficile de ne pas penser aux génialissimes arrangements d’un H-Burns. Le rythme est blanc, cru, grand, cru.

Tout avec d’autres, j’ai voulu ta peau
Gouté ta peau
Aimé ta peau
Qu’on me laisse ta peau

Le single « Hypernuit », qui passe à l’occasion à la radio (en particulier sur FIP), vous donnera déjà un aperçu du travail d’orfèvre opéré ici. Ceci dit, il y a mieux, beaucoup mieux. Il y a « la chaleur », beauté d’entre toute.
Langueur brinquebalante nimbée d’une mélancolie pleine d’espoir.
Ce morceau est d’une richesse imparable car superbement ambivalent, comme un territoire inconnu que l’on s’approprie petit à petit, pour faire notre.
Précieux.

Courage avançons
Un jour arrivera
Où nous arriverons
A voyager léger léger

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