L’été s’est pointé bien plus tôt que prévu. Ces conditions climatiques stimulent alors l’appétence de tout amateur de folk estivale. Et puis, oui, « Strange Moosic » d’Herman Dune venait de sortir. C’était dit. Difficile de passer à coté, avec son digipack livresque qui semble donner mille hésitations à la caissière. Passé le moment fébrile du choix du sac adapté, un constat : nous nous situons encore loin du formatage.
« Next Year in Zion », précédent opus d’HD, m’avait déçu en bien. Déçu, parce qu’il suivait de trop près le bien nommé « Giant » ; En bien, car il était objectivement très bon, avec des mélodies chatoyantes qui font toujours leur effet.
« Tell me something I don’t know » d’emblée pose les bases de cette nouvelle pièce. Simple, ensoleillée, et directe. Délicieux contraste par ailleurs que de découvrir John Hamn (échappé de la ténébreuse Mad Men) tourné dans le clip portant ce single.
De là, « Strange Moosic » s’épanouira librement, telle une envolée initiatique à travers les grands paysages.
Dès lors, il est périlleux de tenter une écoute intégrale de l’album sans s’arrêter en chemin, sans revenir sur ses pas, s’adonner à la délectation du retour. La langueur de « In The Long Long Run » se love en vous, et se diffuse comme d’infimes particules brillant de mille feux dans les rayons du soleil.
L’épopée « Be a Doll and Take my Heart » est l’archétype de la chanson qui s’écoute, s’écoute, en boucle, en boucle. La réjouissante « Lay your Head on my Chest », la prophétique « Just like Summer » et l’euphorisante « Drunk but not with Wine » ne sont pas en reste.
La magie de cette musique confine à une suspension du temps. Une valse extatique.
Ceci embrasse admirablement le tryptique Kunderien la lenteur/ l’idendité/ l’ignorance que je suis en train de parcourir. Cette œuvre se dérobant volontairement à la critique, j’en profite pour glisser ici un extrait qui rentre en résonance avec cette langueur propice à l’observation.
« Il y a un lien entre la lenteur et la mémoire, entre la vitesse et l’oubli. Evoquons une situation on ne peut plus banale : un homme marche dans la rue. Soudain, il veut se rappeler quelque chose, mais le souvenir lui échappe. A ce moment, machinalement, il ralentit son pas. Par contre, quelqu’un qui essaie d’oublier un incident pénible qu’il vient de vivre accélère à son insu l’allure de sa marche comme si il voulait vite s’éloigner, de ce qui se trouve dans le temps, encore trop proche de lui.
Dans la mathématique existentielle cette expérience prend la forme de deux équations élémentaires : le degré de la lenteur est directement proportionnel à l’intensité de la mémoire ; le degré de la vitesse est directement proportionnel à l’intensité de l’oubli. »
Le temps et l’amour.
Deux sujets intemporels que l’art n’a de cesse, et n’aura de cesse de magnifier.
Prenez « Your love is gold », et vous serez alors persuadé qu’Herman Dune participe à son échelle, à ce mouvement. Ce perpétuel renouveau.
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