La science-fiction est un univers qui m’est étranger et le restera probablement toujours.
Il y a pourtant des exceptions qui déchirent le voile de mes préjugés.
Ici, je pense tant à « La Route » de Cormac McCarthy qu’au « Julia & Roem » d’Enki Bilal. Il y a d’ailleurs un cousinage entre ces deux œuvres.
Il y a cette même plongée dans l’après. Au-delà de la catastrophe nucléaire.
Il y a cette même odeur de soufre, ces paysages calcinés à perte de vue.
Il y a ce même retour à l’état sauvage d’êtres désemparés et décharnés.
Pourtant, l’emprunte laissée par chacune de ces œuvres ne se chevauchent pas.
Si chez McCarthy, l’émotion était palpable et foudroyante, le périple chez Bilal reste désespérément aride.
Là où « Julia & Roem » séduit, c’est bien par son esthétique fouillée.
Il brille également par ce jeu de l’écriture sur l’écriture. Bilal revisite le mythe de « Roméo et Juliette » avec une délicieuse ironie. Subrepticement, il questionne le processus créatif lui-même. Où commence-t-il ? Toute œuvre n’est elle pas fondamentalement dépendante de ce qui a pu se faire avant elle ?
Auparavant, il me semblait qu’une grande part de la production de science fiction se fourvoyait justement dans cette idée d’originalité sans bornes. Cette volonté de s’écarter à tout prix du réel pour le prendre à contre-pied m'a toujours semblée ridicule.
A contrario, il y a dans ce dernier Bilal un classicisme salvateur, porté par un très grand style.
Les mouvements et les contrastes sont au cœur de cette beauté.
S'il manque ici et là un zeste d’émotion, il y a pourtant cette idée fondamentale qui vous frappe en parcourant ces quelques planches :
Le doute est au cœur de toute création.
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