John Maxwell Coetzee est un écrivain sud africain, pour ne pas dire, L'ECRIVAIN SUD AFRICAIN, tant il éclipse les autres
Son roman « Disgrâce » (chef d'œuvre d'entre tous) paru en 2001 a fait de lui, une référence incontournable de la littérature mondiale.
Ses écrits sont lus avec la plus grande attention par les autorités politiques sud africaine, puisqu'il fait lui-même figure d'autorité, étant lauréat à 2 reprises du Booker Prize, mais aussi du Prix Nobel de Littérature.
Coetzee qui n'est pas franchement un exhibitionniste a, tout de même, écrit deux récits autobiographiques, alors qu'un troisième roman du même tonneau, devrait nous parvenir à la rentrée 2010.
Le premier volet, « Scènes de la vie d'un jeune garçon » m'a beaucoup marqué, surtout par cette description truculente de la relation entre le petit John et sa maman.
Dire de cette relation qu'elle est possessive serait erroné.
L'enfant ne veut sa maman que pour lui, rien que pour lui et tout pour lui, et la maman a, elle-même, une attitude extrêmement possessive avec son rejeton.
Relation malsaine et explosive d'entre toute.
Le deuxième volet « Vers l'âge d'homme » décrit la vie de JM Coetzee, dans les 60's ; alors qu'il est âgé d'une vingtaine d'années, il décide de quitter l'Afrique du Sud (gangrénée par l'Apartheid), pour s'installer à Londres.
S'il s'agit ici, comme le laisse présager le titre, d'un roman d'apprentissage, il serait malhonnête de le réduire à cette dimension. Coetzee, dans une langue fabuleuse, nous parle surtout de sa position d'étranger et d'exilé dans un pays franchement hostile aux sud-africains.
« Il ne fait pas bon être sud-africain en Angleterre en ce moment. Clamant son bon droit haut et fort, l'Afrique du sud vient de se déclarer république et de se faire aussitôt exclure du Commonwealth. Le sens de cette exclusion est tout ce qu'il a de clair : les Britanniques en ont assez des Boers, et d'une Afrique du Sud gouvernée par les Boers, d'une colonie qui a toujours causée plus de tracas qu'elle ne valait la peine. Ils seraient ravis de voir l'Afrique du Sud disparaitre sans bruit de leur ligne d'horizon. Et ils ne souhaitent pas voir des Blancs sud-africains se presser à leur porte d'un air malheureux comme des orphelins en quête de parents. »
« Vers l'âge d'homme » est ancré dans la situation géopolitique des 60's : la guerre froide ne cesse de resurgir en toile de fond (notamment la crise de la baie des cochons, et la guerre du Vietnam).
Plus encore, il est question du jeune homme, qui avance, s'interroge, se demande comment trouver un compromis, un juste équilibre entre son désir d'indépendance, et son envie très forte de coucher avec les nombreuses filles qu'il croise, parfois, exilées comme lui à Londres.
« Londres est plein de filles belles. Elles viennent du monde entier : venues comme jeunes filles au pair, pour apprendre l'anglais ou tout simplement en touristes. Elles ont les cheveux en bandeaux qui encadrent les pommettes : elles portent de l'ombre à paupière ; elles ont un air de doux mystères. Les plus belles sont les Suédoises, élancées, à la peau de miel doré ; mais les Italiennes aux yeux d'amandes, toutes menues, ont aussi leur charme. L'amour à l'italienne, à ce qu'il imagine, sera ardent et incisif, très différent de l'amour à la suédoise, souriant et langoureux. Mais aura-t-il jamais l'occasion de la savoir d'expérience ? Si jamais il pouvait trouver le courage d'adresser la parole à l'une de ces belles étrangères, que dirait-il ? Serait-ce mentir que de se présenter comme mathématicien plutôt que simple programmeur informaticien ? Est-ce que les attentions d'un mathématicien feraient quelque impression sur une fille d'Europe, ou faudrait il mieux lui dire que, sous ses dehors ternes, il est poète ? »
John Maxwell n'a rien de quelqu'un de sympathique, rien de celui que l'on aimerait croiser dans la rue. Il le dit lui-même, il est froid et a un cœur de pierre.
Sa haine viscérale à l'égard la figure maternelle réapparait alors que sa mère lui envoie des lettres d'Afrique du Sud pour « prendre des nouvelles ». Il n'y répond pas, si ce n'est de façon laconique et méprisante.
Plane aussi au dessus, la détestation du père alcoolique et lâche ; et cette interrogation : comment les blancs d'Afrique du Sud peuvent s'accommoder de la violence et des assassinats qui n'en finissent pas ?
Au final, Coetzee est tellement frustré par son incapacité à séduire, qu'il finit par ressentir un désir incestueux alors que sa cousine qu'il n'a pas vu depuis son enfance décide de lui rendre visite à Londres, lors de son voyage en Europe.
« Elle doit avoir au moins dix-huit ans maintenant. Comment aura-t-elle grandi ? Et si toute cette vie au grand air, avait fait d'elle, ne fût-ce que pour un temps bien court, une beauté ? »
Désillusion encore, sa cousine est effroyablement laide, mais heureusement, il y a une de ses amies qui est là...
Tout ce ci est terrible, JMC se fait balloter, tout en blessant terriblement son entourage. Pourtant, il avance et s'interroge, sans cesse. Pour lui, c'est l'essentiel.
Tout tourne autour de l'art, il est prêt à tous les sacrifices pour son art, et analyse tous ses faits et gestes en fonction de son unique but, que son génie soit enfin reconnu.
« Le hasard ne le gratifie pas de ses bénédictions. Mais le hasard est imprévisible, il faut laisser le temps au hasard. En vue du jour où enfin le hasard lui sourira, il ne peut qu'attendre et se tenir prêt. »
On voit se construire peu à peu la personnalité du grand écrivain, celui qui un jour s'arrêtera quelque part, et écrira « Disgrâce ».
Son roman « Disgrâce » (chef d'œuvre d'entre tous) paru en 2001 a fait de lui, une référence incontournable de la littérature mondiale.
Ses écrits sont lus avec la plus grande attention par les autorités politiques sud africaine, puisqu'il fait lui-même figure d'autorité, étant lauréat à 2 reprises du Booker Prize, mais aussi du Prix Nobel de Littérature.
Coetzee qui n'est pas franchement un exhibitionniste a, tout de même, écrit deux récits autobiographiques, alors qu'un troisième roman du même tonneau, devrait nous parvenir à la rentrée 2010.
Le premier volet, « Scènes de la vie d'un jeune garçon » m'a beaucoup marqué, surtout par cette description truculente de la relation entre le petit John et sa maman.
Dire de cette relation qu'elle est possessive serait erroné.
L'enfant ne veut sa maman que pour lui, rien que pour lui et tout pour lui, et la maman a, elle-même, une attitude extrêmement possessive avec son rejeton.
Relation malsaine et explosive d'entre toute.
Le deuxième volet « Vers l'âge d'homme » décrit la vie de JM Coetzee, dans les 60's ; alors qu'il est âgé d'une vingtaine d'années, il décide de quitter l'Afrique du Sud (gangrénée par l'Apartheid), pour s'installer à Londres.
S'il s'agit ici, comme le laisse présager le titre, d'un roman d'apprentissage, il serait malhonnête de le réduire à cette dimension. Coetzee, dans une langue fabuleuse, nous parle surtout de sa position d'étranger et d'exilé dans un pays franchement hostile aux sud-africains.
« Il ne fait pas bon être sud-africain en Angleterre en ce moment. Clamant son bon droit haut et fort, l'Afrique du sud vient de se déclarer république et de se faire aussitôt exclure du Commonwealth. Le sens de cette exclusion est tout ce qu'il a de clair : les Britanniques en ont assez des Boers, et d'une Afrique du Sud gouvernée par les Boers, d'une colonie qui a toujours causée plus de tracas qu'elle ne valait la peine. Ils seraient ravis de voir l'Afrique du Sud disparaitre sans bruit de leur ligne d'horizon. Et ils ne souhaitent pas voir des Blancs sud-africains se presser à leur porte d'un air malheureux comme des orphelins en quête de parents. »
« Vers l'âge d'homme » est ancré dans la situation géopolitique des 60's : la guerre froide ne cesse de resurgir en toile de fond (notamment la crise de la baie des cochons, et la guerre du Vietnam).
Plus encore, il est question du jeune homme, qui avance, s'interroge, se demande comment trouver un compromis, un juste équilibre entre son désir d'indépendance, et son envie très forte de coucher avec les nombreuses filles qu'il croise, parfois, exilées comme lui à Londres.
« Londres est plein de filles belles. Elles viennent du monde entier : venues comme jeunes filles au pair, pour apprendre l'anglais ou tout simplement en touristes. Elles ont les cheveux en bandeaux qui encadrent les pommettes : elles portent de l'ombre à paupière ; elles ont un air de doux mystères. Les plus belles sont les Suédoises, élancées, à la peau de miel doré ; mais les Italiennes aux yeux d'amandes, toutes menues, ont aussi leur charme. L'amour à l'italienne, à ce qu'il imagine, sera ardent et incisif, très différent de l'amour à la suédoise, souriant et langoureux. Mais aura-t-il jamais l'occasion de la savoir d'expérience ? Si jamais il pouvait trouver le courage d'adresser la parole à l'une de ces belles étrangères, que dirait-il ? Serait-ce mentir que de se présenter comme mathématicien plutôt que simple programmeur informaticien ? Est-ce que les attentions d'un mathématicien feraient quelque impression sur une fille d'Europe, ou faudrait il mieux lui dire que, sous ses dehors ternes, il est poète ? »
John Maxwell n'a rien de quelqu'un de sympathique, rien de celui que l'on aimerait croiser dans la rue. Il le dit lui-même, il est froid et a un cœur de pierre.
Sa haine viscérale à l'égard la figure maternelle réapparait alors que sa mère lui envoie des lettres d'Afrique du Sud pour « prendre des nouvelles ». Il n'y répond pas, si ce n'est de façon laconique et méprisante.
Plane aussi au dessus, la détestation du père alcoolique et lâche ; et cette interrogation : comment les blancs d'Afrique du Sud peuvent s'accommoder de la violence et des assassinats qui n'en finissent pas ?
Au final, Coetzee est tellement frustré par son incapacité à séduire, qu'il finit par ressentir un désir incestueux alors que sa cousine qu'il n'a pas vu depuis son enfance décide de lui rendre visite à Londres, lors de son voyage en Europe.
« Elle doit avoir au moins dix-huit ans maintenant. Comment aura-t-elle grandi ? Et si toute cette vie au grand air, avait fait d'elle, ne fût-ce que pour un temps bien court, une beauté ? »
Désillusion encore, sa cousine est effroyablement laide, mais heureusement, il y a une de ses amies qui est là...
Tout ce ci est terrible, JMC se fait balloter, tout en blessant terriblement son entourage. Pourtant, il avance et s'interroge, sans cesse. Pour lui, c'est l'essentiel.
Tout tourne autour de l'art, il est prêt à tous les sacrifices pour son art, et analyse tous ses faits et gestes en fonction de son unique but, que son génie soit enfin reconnu.
« Le hasard ne le gratifie pas de ses bénédictions. Mais le hasard est imprévisible, il faut laisser le temps au hasard. En vue du jour où enfin le hasard lui sourira, il ne peut qu'attendre et se tenir prêt. »
On voit se construire peu à peu la personnalité du grand écrivain, celui qui un jour s'arrêtera quelque part, et écrira « Disgrâce ».
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