Pour une femme pressée. *



  La course.

            Il y a 10 minutes, dans cette ruelle, vous sortiez d’un bâtiment. Vos yeux fatigués, sentant ma présence, se sont furtivement posés sur ma droite. Puis, vous m’avez distancé en accélérant le pas. Et dans votre empressement, vous avez laissé tomber un bout de papier. Je l’ai regardé de haut. Au passage, votre foulée ne me permettait pas de vous rattraper. D’ailleurs, vous avez même commencé à courir. Et l’écharpe grise, que vous portiez à la main, a volé sur le trottoir. À l’intersection, une voiture vous attendait. Au volant, je devinais une silhouette d’homme. Puis, vous avez démarré sur les chapeaux de roues.


Terre à terre.

Quand je suis revenu sur vos pas, la rue était déserte. J’ai voulu comprendre. Alors j'ai ramassé votre papier, imaginant vos mots précipités. Je soupçonnais une certaine sauvagerie. Je m’attendais à un « Adieu. Les Fidji valent mieux », voire, au strict minimum, à un « Rendez vous aux Galápagos »

De retour chez moi, je commence à vous écrire. Et si votre mémoire tient la route, je sais que vous êtes en train d’acheter « beurre, jambon blanc, 3 tranche de viande, 2 tranches d’escalope de dinde, fromage, bananes, 2 ½ l de lait entier produit vaisselle U ». Bien que je ne vous connaisse pas, je me doute maintenant que votre vie est bien plus terre à terre que votre attitude ne pourrait le faire croire. Madame, sachez que vos apparences sont parfois trompeuses.


* Pour gagner du temps, la prochaine fois, n’oubliez pas que 2 demi-litres font généralement 1 litre.





2 commentaires:

  1. Très inspiré par une si petite scène de la vie quotidienne... J'aime beaucoup !

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  2. Merci.

    Je me demande qui tu es même si j'ai mon idée.

    Quelque chose me dit que tu ne portes pas Charlotte Gainsbourg dans ton cœur.Si c'est toi, et même si je te connais peu (pour l'instant), j'en suis très flatté !

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