En pleine lucarne.


Tous les matins du monde. XVIIème.

                                                                                   


Virtuose parmi les virtuoses.

            Adolescent, les intellos me faisaient un peu moins fuir que les fachos. Je me souviens : je préférais GTA à Dumas, et j’étais aussi souvent plongé dans un bouquin qu’un marsouin. Le bruissement de mes veines pouvait cramer tous les romans du monde. La littérature ? Je m’en tapais complètement. En été, et peut être même surtout en été, elle me restait étrangère. Face à cette poussière, je disparaissais sur mon skate avec 2 à 3 poussées toniques.

Dorénavant, je cuisine les contradictions. Et je vais même être très clair. Ce ne sont pas les dérouillées à Fifa qui me priveront d’une aventure telle que « tous les matins du monde ». Cette jouissance vécue, cette apothéose, me rendent envieux. J’envie atrocement la virtuosité de Pascal Quignard, car elle n’est pas juste limpide. Elle n’est pas juste maîtrisée. Elle est belle à dilapider toutes les larmes de son corps.



Les adieux à la reine. XVIIIème.

                                                                                                     


Rendez-vous au XVIIème.

L’histoire commence en 1650 quand Monsieur de Sainte Colombe, à la mort de sa femme, se voit contraint d’élever seul ses deux filles. L’idée de leur enseigner la viole fait alors son chemin, ce qui fera naître une complicité. Cependant, l’harmonie se troublera à l’arrivée d’un nouvel élève, Monsieur Marais. Sainte Colombe se montrera particulièrement réticent avec lui ; Et il sera difficile de savoir si cette réticence vient de son amour de l’art, ou de la volonté de protéger ses enfants.

Histoire banale si ce n’était cet incroyable talent. Ici, la plume allie douleur et grâce : « Je ne sais comment dire, Madame. Douze ans ont passé mais les draps de notre lit ne sont pas encore froids. » Là, elle se dévoile carrément : « Elle avança ses doigts. Ils se touchèrent et ils sursautèrent. Puis ils étreignirent leurs mains, avancèrent leurs ventres, avancèrent leurs lèvres. Ils s’embrassèrent. »

Finalement, l’abandon royal : « A l’ instant où le chant des violes monte, ils se regardèrent. Ils pleuraient. La lumière qui montait dans la cabane par la lucarne qui y était percée était devenue jaune. Tandis que leurs larmes lentement coulaient sur leur nez, sur leurs lèvres, ils s’adressèrent en même temps un sourire. Ce n’est qu’à l’aube que Monsieur Marais s’en retourna à Versailles. »




5 commentaires:

  1. Monsieur Marais, un rapport avec le compositeur baroque Marin Marais? :)

    RépondreSupprimer
  2. L'autre passion de Quignard étant la musique classique (qu'il pratique) ce clin d’œil est plus que probable !

    RépondreSupprimer
  3. Au final, je suis retourné en p.46, descendu 14 lignes et 3 mots avalés, j'ai vu que tu avais raison : Il y a effectivement un Marin avant le Marais.

    RépondreSupprimer
  4. Haha, c'est bien tu te cultures en musique classique ;)

    RépondreSupprimer
  5. Pour l'instant, la musique classique m'est aussi accessible que le 2000m papillon, mais je commence, je commence juste, à expérimenter !

    RépondreSupprimer