C’est le ptit troisième !

                                                                                                                                     La femme à l'éventail. Picasso.


A Monsieur Kundera.


Monsieur, je m’offre ce soir une bonne tranche de liberté pour vous écrire.

Je tiens, tout d’abord, à porter à votre connaissance certaines anecdotes. Pour ce faire, si vous le voulez bien, revenons au début de mon année 2011. J’assistais alors à quelques cours, donnés par un professeur du genre énarque-de-milieu-de-tableau, quand, en cœur de matinée, il me conseilla votre lecture ; Son conseil ne me surprit pas vraiment car, voyez-vous, il connaissait mon appétence littéraire, il appréciait mes copies, j’appréciais ses cours, et j’étais le seul garçon de la promo à avoir opté pour sa matière.

Peu de temps après, rentrant à mon appartement, et alors que la nuit était tombée, je retrouvais votre « Insoutenable légèreté de l’être ». Je lui accordais quelques jours. Et le plaisir ne tarda pas à venir, à tel point même que je relus certains passages, séance tenante. C’était sûr, je n’allais pas en rester là.

Quand je retournais à Rennes - ville que vous connaissez bien - quelques mois s’étaient écoulés. Me rendant dans une librairie, j’en ressortis avec votre  « Livre du rire et de l’oubli ». En l’entamant, j’ignorais alors que, durant sa lecture, ma vie connaîtrait un instant de rupture.

Et après qu’il ait eu lieu, je réalisais assez vite que je venais de me procurer un véritable programme – le rire et l’oubli – allaient effectivement draper les 6 mois qui suivirent.
Evidemment, au début, le moment était un peu borderline, très beau, très dur. J’ai traversé une poignée de nuits blanches en écrivant des saletés et en finissant votre programme. Et j’ai vite réalisé que l’élégance de vos écrits calmait ma fureur, soutenait le changement de cap, et laissait poindre un goût de liberté. A maintes et maintes reprises, quand le sommeil m’échappait, je m’en sifflais quelques lignes. C’était comme des germes d’apaisement et ils tombaient bien.

Monsieur, je descendrai - tout à l’heure - glisser ces phrases dans la boîte aux lettres la plus proche. Avant, je prendrais soin de ne pas les timbrer, ce qui est – vous en conviendrez – plutôt idiot. Mais c’est juste que désormais, ces mots ne me regardent plus, et ne regardent plus personne.

Pourtant, une chose mérite d’être sauvée. En fait, je n’ai pas su à quel moment vous le dire alors je me lance maintenant. Je viens d’arriver au bout de votre œuvre. Je viens d’arriver au bout de votre premier roman. Je viens d’arriver au bout de votre « plaisanterie ». Et si elle me séduit tant aujourd’hui, c’est probablement parce que pour moi, désormais, non seulement l’oubli est oublié, mais le Rire, Lui, porte en son cœur, une joie nouvelle. Affectueusement.

                                                                                                                                   

Benoît Hamon.





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