Sous vos équinoxes.




A Monsieur Murakami.

            Monsieur, je tente de vous atteindre depuis quelque temps. A force de tractations, j’ai même cru que vos voyages – entre le Japon et Hawaï – vous rendaient indisponible. Du moins, je le croyais jusqu’à aujourd’hui. Car si vous me lisez actuellement, cela prouve qu’une connexion s’est faite quelque part.

A l’instant où je vous écris, tenant compte du décalage horaire, il est probable que vous dormiez. Votre monde onirique fait certainement florès, mais là n’est déjà plus la question. Après tout, les pluies de poissons ne regardent que vous.

Je ne sais pas vous, mais moi, si quelqu’un s’aventurerait à former un néologisme avec mon nom (du type « hamonite »*), j’aurais tendance à demander des comptes. Alors monsieur Haruki, sachez au préalable, que mon pseudonyme n’est pas tombé, comme un cheveu sur la soupe. Il est en effet issu d’une manie, que dis-je, d’une coutume. Je veux dire, que j'ai une forte tendance à qualifier tout ce qui me plaît de « murakamien ». Mais si vous le permettez, revenons sans plus tarder à l’origine de ce chaos.

La découverte de vos contrées a mis mon imaginaire sens dessus dessous. Les rencontres avec vos personnages m’ont détonné. Car en leurs soubassements, il y a toujours quelque chose qui se trame, comme une énigme – ni totalement sombre ni proprement lumineuse. Votre univers est peuplé de surprises. Bref, en 3 mots, il est fascinant.

En bonus, c’est en vous lisant que j’ai compris une chose précieuse. J’ai saisi que notre vie ne doit jamais avoir pour but premier de nourrir notre imaginaire. Mais que c’est au contraire, à notre imagination de pimenter le quotidien. Cette nuance est un détail, mais les détails étant essentiels, cette nuance est primordiale.

Changeons un peu d’air, si vous le voulez bien. Je vous propose de vous égarer dans mon dictionnaire personnel, au coin de l'avenue M. Murakamienne adj. « se dit d’une situation qui réunit la beauté, l’unicité et l’instabilité. »

Professeur Haruki, je vous vois dessiner l’esquisse d’un murmure. Vous pensez certainement que l’adjectif « incongru » n’est pas fait pour les chiens. N’y voyez pas d’injures, mais il est à mes yeux, aussi désirable qu’un soir de marée noire.

Enfin, il n'est pas question de sacrifice, mais s’il arrive un jour, que le goût d’écrire me soit dérobé, je tenterais d’y mettre fin dans l’un de vos livres. Car c’est bien sous vos équinoxes que ce goût n'a pas tardé à s’éveiller. Patiemment. B.H.



* Terme consacré en son milieu. « Capacité à taquiner l’autre dans l’attente de sa réaction » (On) / « Propension à provoquer l’autre dans le but de l’emmerder » (Off)





A Monsieur Hamonite.

            Jeune Homme, ne me demandez pas comment j’ai eu l’adresse de votre blog. L’étrangeté est ailleurs. Votre lettre est moins murakamienne que vous semblez le penser. Continuez à creuser vos sillons et vous arriverez peut-être, un jour, à crever d’inédits. Quoi qu’il arrive, vous l’aurez vécu. Ce qui importe. H.M.







                                                                                                                 

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