L'abandon ou l'antichambre du réveil. *

                                                                     Japon.


La possibilité d'une idylle.

C’est en refermant les 3 essais sur l’amour et la sexualité, signés André Comte-Sponville, que cette idée jaillit. Peut-être, oui, peut-être que parfois, les choses les plus inoubliables naissent du hasard.

Il y a maintenant un moment, j’assistais à une conférence d’A.C-S. Son discours d’alors, aurait très bien pu ne pas me parvenir, puisque je traversais une intime-révolution. Rétrospectivement, je suis convaincu que ce concours de circonstances n’a fait qu’amplifier mon intérêt pour sa démonstration.
Le philosophe nous parlait du Travail, tout en faisant un pas de coté, pour parler du sujet qui intéresse tout le monde : l’Amour. N’étant pas Croyant, j’évite le terme d’« illumination », seulement, l’instant fut éclairant.

La philosophie. Avant l’éclaircie, je gardais à l’esprit, cette note au BAC, qui m’avait soufflée. Je me souvenais aussi de cette allumée, en phase terminale.
Après l’éclaircie, j’ai commencé à lire des philosophes, plus ou moins inspirés, et plus ou moins inspirants. Je m’y suis alors, plus ou moins dispersé, avec plus ou moins de réussite.

Et puis, un jour, je revois A.C-S à la TV, qui vient parler d’amour et de sexe. Franchement, me dis-je : comme programme, il y a pire. Je l’écoute donc parler de pornographie, de masturbation**, d’érotisme, et d’amour partagé.
Quelques semaines plus tard, je commence à le lire. Très vite, je comprends que la conférence n’était qu’un soubresaut, puisque là, c’est carrément Fukushima. Sa pensée me bouscule, m’attrape par le col, pour m’assener quelques vérités. Puis, elle m’amène au pied de ces questions : Ai-je le goût de vivre ?  Quel goût à ma vie ?

Le sens ou le goût ? En creusant dans cette voie, je comprends qu’il est ridicule de s’interroger sur le sens de la vie. Car au final, c’est toujours le goût qui entraine le(s) sens, et non l’inverse.




 
Pour ce qui est du dernier ouvrage d’A.C-S., sobrement intitulé « Le sexe ni la mort », je ne m’étale pas sur les deux essais (enthousiasmants) sur le sexe, principalement parce que je n’appartiens pas à cette génération, pour laquelle, la vie privée est en option.
Vous savez, celle prête à « poster des sex-tapes de leurs parents pour plus de clics », dixit Orelsan. S’il y a dans ses paroles beaucoup de provocation, il y a aussi, un peu de justesse.

L’amour. J’attire le regard sur une vision (revisitée), celle de Platon : « Tomber amoureux, c’est découvrir que quelqu’un vous manque terriblement, dont la possession, croyez-vous, suffirait à vous combler. Quel choc ! Quel bouleversement ! Jusque-là, vous étiez bien, pépère, peinard, vous ne manquiez de rien, en tout cas rien d’essentiel, vous vous ennuyiez juste un peu… Et puis, un beau soir, chez des amis communs, patatras ! »
Cette citation me fait juste sourire, car je me dis que les promoteurs de la Saint-Valentin ont bien lu Platon.

A mon goût, la perception platonicienne peut bien aller se faire voir. Celle de Comte-Sponville (sous l’œil de Spinoza) me séduit davantage. La voici : Aimer c’est « se réjouir de l’existence de l’autre, de sa présence, prendre plaisir à partager sa vie et son lit. » J’y ajoute cette phrase d’Adorno : « Tu seras aimé lorsque tu pourras montrer ta faiblesse sans que l’autre s’en serve pour affirmer sa force. »

Enfin, voici ce qui m’a tout l’air d’être un bon conseil : « Mieux vaut, me disait un ami, faire des choses toujours différentes avec la même femme, que faire toujours la même chose avec des femmes différentes. »
Les consommateurs (consommatrices) compulsifs prendront, peut-être, note. D’ailleurs, l’autre jour, j’en parlais à quelqu’un, dont l’anonymat restera sauf, qui me répliqua : « ouais, mais moi, ce que je fais, c’est des choses toujours différentes avec des femmes différentes ». Ça m’a simplement fait rire.

Peut-être, oui, peut-être que parfois, lire un philosophe, c’est comme une discussion avec un bon pote, c’est revigorant. Désolé d’être aussi énigmatique, mais cela m’évoque l’enchaînement des saisons : Printemps, été, automne, hiver et… printemps.

Cette mécanique irrésistible,
qui oscille, entre abandon et renouveau,
est source de quiétude.


                                                                    États-Unis.


* Le titre de ce texte n’a pas été dérobé aux témoins de Jéhovah. Il m’est venu ce matin.

** Là, je découvre que le Larousse 1968, passe directement du « mastroquet » à la « masure ». La « sexualité autonome » (comme ils disent dans H) y est passée sous silence.

2 commentaires:

  1. Est -il seulement possible de faire la même chose avec deux personnes différentes ?

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  2. Cette question me fait rire. Je la trouve intéressante.

    A C-S explique à un moment donné que l'on doit toujours considérer l'autre comme une fin, et jamais comme un moyen. Sinon, ce serait chosifier l'autre.

    Au fond, c'est une philosophie très morale. Ce qui ne me dérange pas.

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