Flowering Inferno - Dog with a Rope (2010)



            Au détour d’un week-end, un proche (terme rarement aussi approprié), a glissé dans ma poche ce « Dog with a Rope » de Flowering Inferno.  Je ne connaissais pas. Dès les premiers tours de piste, vous le sentirez, une possibilité semble venir s’échouer à vous. Elle consiste à vous laisser séduire par une sensation un peu moins chaude que si vous trempiez votre doigt au cœur du soleil. Alors oui, dans cette arène gorgée de cuivres, les inhibitions s’évanouissent purement et simplement. Le chaudron bouillonne tant et si bien que ses compositions se retrouvent gorgées d’une chaleur époustouflante. Nage à la croisée de courants éclectiques qui se nourrissent les uns des autres. On déversera des rêveries crémeuses de reggae, on y ajoutera des fragments tropicaux des Caraïbes, accompagnés de fluide de soul, et l’on obtiendra une pépite qui, au passage, fait fondre tout obstacle à l’inventivité.

            Le musicien Malien Salif Keïta faisait remarquer un jour à un animateur TV l’idiotie de l’appellation « Musique du monde ». En s’y arrêtant deux secondes, sa perplexité devient tout à fait compréhensible. Cette expression est-elle une exception française ? On peut se le demander, tant, dans ce Village Global, ce jardin monde, la volonté de parcelliser reste un sport national. Après tout, existe-t-il musique qui soit produite ailleurs que sur Terre ? Des confins de l’espace ? D’outre-tombe ? Dans cette optique, l’idée d’un duo E.T/Wall-e m’apparait moins séduisante qu’un bœuf Ali Farka Touré/Jimi Hendrix. Si tout ça laisse rêveur… on peut assez légitimement douter de telles opportunités. Toujours est-il que pour la musique du Flowering Inferno, je propose de faire l’économie de la préposition en parlant de « Musique monde ». Voilà, une requête à l’Académie Française. Au passage, si un académicien s’égare ici, ce dont je ne doute pas, voici une ultime demande. Où s’adresser pour limiter l’usage de la phrase la plus idiote de toute l’Histoire de l’Humanité ? Vous savez, celle qui formulée une fois dessoudera n’importe quelle éducation, cette croyance folle selon laquelle la « curiosité est un vilain  défaut ».

            Bref. Egarement. Revenons à une nourriture terrestre. Bref. Bref. Bref. En musique particulièrement, la diversité des influences n’a jamais été un gage systématique de qualité. Combien de métamorphoses disgracieuses ? Combien d’artistes se sont cassé les dents en s’aventurant sur d’autres terrains que celui qu’ils maîtrisaient ? Incalculable. Ici seulement, la diversité des sources ne nuit jamais à l’harmonie. Le centre névralgique de ce « Dog with a Rope » reste incontestablement la belle alternance des chants masculins et féminins illuminée par le roulement de langues (anglais/espagnol). Dans ce mouvement, les instruments qui entrent en scène me sont parfois inconnus. A mon goût, les deux plus beaux morceaux arrivent, comme cette chronique, en fin de parcours : « No Say del Valle » portée par la voix de Nidia Congora et « Tel Pico el Yaibi » soutenue par la voix de Markittos Micolta. Autant de chaleureuses légèretés.

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