Atlas Sound - Parallax (2011)



            Au départ, c’était la satisfaction d’un désir esthétique. Je ne sais pas vous mais moi, la sonorité de titres tels que « Mona Lisa », « Modern Aquatic Nightsongs », « Terra Incognita » me donne envie de me mettre à table et de m’y abandonner. Une curiosité tourbillonnante m’incite à approcher cette Trinité : ce microcosme, cette toile, cette fraîcheur en suspens.

            Bradford Cox est un dynamiteur d’imaginaire qui opère à grands coups d’attentats épidermiques. Depuis plusieurs années, la Grande Pomme a vu émerger un îlot des plus stimulants (Gang Gang Dance, Battles, Animal Collective). Tout ce petit monde s’étend et en fait frémir quelques uns sous des constellations oniriques et loufoques.
Chez Atlas Sound vous trouverez à mi hauteur une fine membrane  qui vibre, c’est votre peau et il s’y imprime des motifs inédits. Ce monde hypnotique est comme le temps, il vous traverse, et plus l’on s’y attarde, plus l’on perçoit ses fêlures, comme pour mieux laisser passer la lumière ; comme une scintillation venue de loin.

            Paradoxalement, on goûte à nouveau cette simplicité enfantine. Cela me ramène personnellement à ma dizaine d’années. Nous allions alors faire des « trucs-de-cabanes ». L’idée était alors d’aller chercher des matériaux plus improbables les uns que les autres (des palettes, des moteurs de machine à laver des plus percutants), pour confectionner un lieu unique, au-delà des cimes si c’était possible. Là où les secrets et les sensations se dérobaient à tout. C’est du reste essentiellement ce qui m’amène à assembler cette enfance et cette musique, comme un désir esthétique, source de plaisir.

            Aujourd’hui quand on me demande quel est mon style de musique, je parle de pop psychédélique. Certains réagissent alors comme si j’évoquais des vomissures putrides et je les comprends. C’est une faiblesse lexicale car ce n’est pas ça.
Atlas Sound n’est pas le rejeton foutraque des Beach Boys et des Pink Floyd ou alors, l’adoption a été écourtée. Un soir, il a fait le mur, a pris la tangente. Du mirage hypersonique (« Praying Man »),  à l’implosion lunaire (« Terra Incognita »), à l’explosion solaire (« Parallax »), aux vibrations paniques (« Angel is Broken »), il a pris goût à l’expérimentation, et n’a cessé de jouer avec les atomes.

            Ces mélodies sont superbement impétueuses. Elles embrassent les mouvements et les bruits de nos vies parce que finalement, elles lui ressemblent. Ou peut être même qu’à mesure, ce sont nos faits et gestes qui font place nette, pour accueillir cette coloration poétique.

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