R.L. Burnside (1926 - 2005)


La musique d’R.L. Burnside est un ouragan qui a frappé mon existence alors que je rentrais dans l’âge adulte. Ce bluesman du delta du Mississipi n’a certainement pas mené une vie de tout repos (il a en effet du essuyer l’assassinat de certains membres de sa famille, eu 13 enfants, ne rencontra le succès que très tard…), cela n’empêche, même sexagénaire, de l’énergie, il en avait à revendre.

J’avais 18 ans quand je le découvris, et sa musique fut fureur et fracas dans mon univers musical.

Dans les 90’s, ce sexagénaire fut ramené à la surface par Jon Spencer.
De fait, en 1996, sort le brûlot « A ass pocket of Whiskey » sur l’inestimable label « Fat Possum ». Emmené par les deux torpilles : « Boogie Chillen » et « Snake Drive », cet album fait mouche et dépoussière ce que d’aucuns appelait auparavant, musique du diable.

Je me souviens d’avoir lu un jour un vieil interview de Burnside dans lequel il disait que pour lui, le Blues n’était rien d’autre que de la musique « dance ».
Ce faisant, je suis convaincu que, de la même manière que certains deviennent écrivains pour plaire aux filles, Burnside a touché sa première gratte pour séduire.
D’ailleurs, le bougre n’a eu de cesse de mettre en exergue cette réputation de queutard de l’Amérique profonde. Il n’y a qu’à regarder la pochette de ses albums, pour s’en convaincre.
Burnside, le pantalon à moitié baissé, entouré de jeunes midinettes, de quoi faire passer Berlusconi, pour un gamin frigide.

S’il y a de la provoc chez lui, il y a surtout du talent.
Prenez des morceaux de la trempe de « Shake ‘em on down »  ou de « Goin’ down south », et vous aurez une idée de la force de frappe de Burnside.

Surtout, je ne peux me résoudre à boucler cette chronique sans évoquer « Wish I  was in heaven sitting down », qui représente pour moi, le sommet dans sa discographie.
Tout y est.
Ici s’opère une indicible inclinaison dans la musique du bluesman, vient s’ajouter à la fureur, une douceur unique, lancinante et estivale.

Le calme et la beauté d’un soir d’été.

Burnside n’est plus, et pourtant, il nous laisse quelque chose d’impérissable ; en l’occurrence, une perception de l’Amérique profonde, poisseuse et infernale.

La souffrance magnifiée, à l’état pur.

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