John Updike - Villages (2009)



John Updike est un romancier américain, mort, il y a plus d'un an.
Après avoir lu qu'un seul des ses nombreux romans, « Villages », j'ai tendance à le rattacher à ce que j'appelle, la famille des « écrivains réalistes ».
J'entends par là, une famille qui irait de Philip Roth, au sud africain, John Maxwell Coetzee.
Ce sont des intellectuels avec une perception, dotée d'une acuité sidérante.
Pas franchement optimistes, mais pas non plus nihilistes.
Ils partagent en tout cas tous, le scepticisme envers la religion (en particulier Roth), et l'idée que l'homme reste un être, guidé par une certaine tension sexuelle, permanente (en particulier Coetzee).

Dans « Villages » d'Updike, deux thèmes majeurs sont abordés, le sexe et la mort.
Tour à tour, la luxure et la « grande affaire finale » (expression de Roth pour qualifier la mort), s'évitent, se frôlent, et parfois même, éclosent ensemble.
L'histoire de « Villages » est tout ce qu'il y a de plus simple, Owen Mackenzie, informaticien très talentueux (qui a couru pour une des entreprises les plus dynamiques du secteur, dans les 70's), sent sa fin arrivée, alors qu'il coule des jours tranquilles avec sa seconde femme, Julia.
« Villages » sera un flash-back éclairant sur le passé d'Owen et sur les différents villages dans lequel il s'est construit, ou plutôt dans lesquels, les femmes de sa vie l'ont aidé à se construire petit à petit.

Je veux parler de deux choses qui me viennent à l'esprit en évoquant ce livre.

Tout d'abord, petit bémol, les passages un peu trop pointus sur l'informatique m'ont laissés de marbre ; honnêtement, je n'y connaissais rien à tous ces hardwares et softwares, et le livre refermé, je n'y connais toujours rien. L'intérêt est ailleurs, j'ai apprécié comme pas possible les métaphores et les ponts bâtis entre l'informatique (l'aléatoire) et des réflexions succulentes sur l'existence (l'aléatoire aussi, dans une moindre mesure tout de même).
D'autre part, je ne vous gâcherai pas le plaisir de la lecture en en dévoilant trop, mais Updike, à plus de 70 ans, décrit internet d'une manière succulente, totalement pessimiste, mais en même temps c'est ce qui fait de la littérature ce qu'elle est, et ce qu'elle doit être, selon moi : appuyer là où ça fait mal.

Ensuite, je dois avouer que ce qu'il est convenu d'appeler les « grands romancier s» sont obsédés par le sexe, l'argent, et la religion, pourtant aucun ne semble en accord sur aucun de ces sujets, ce qui me semble très sain d'ailleurs.
Updike a une manière de décrire l'adultère, et ses conséquences, qui laissent songeur. Il confirme ce qui me semble juste, mais qui est peut être extrêmement dur à réaliser dans la réalité, quand les sentiments ne sont plus là, mieux vaut partir, et ne plus jamais revenir en arrière.

Je veux retenir, cette image de Julia et d'Owen a la fin de leur périple, empêtrés dans des habitudes incroyables, parfois « plombantes », mais tellement essentielles.
Je veux me souvenir de ce que nous dit Updike : quand un couple vieilli ensemble, il retombe peu à peu en enfance, et avance, main dans la main dans le noir, à tâtons, mais ensemble.
Merveilleusement, serein.

Plus jeune, Owen, quand il espionne les jeunes filles sous les douches de son école, me fait penser à un certain Alex Portnoy qui, agé d'une vingtaine d'année déclare à son psy :
« Combien de temps vais-je encore poursuivre mes expériences féminines ? Combien de temps vais-je encore continuer à coller ce machin dans les trous qui s'offrent à lui, d'abord ce trou, puis comme j'en ai assez de ce trou, cet autre trou la bas... et ainsi de suite ! Quand cela finira t'il ? »

D'un autre coté, Owen Mackenzie, à l'aune de sa vie :
« Maintenant, les choses deviennent claires ; le passé d'Owen ressemble à une feuille d'essuie-tout, couleur d'encre bleue, placée devant la lumière, les alvéoles scintillent : ces étoiles, ce sont les femmes qui l'ont laissé les baiser. »

Je dois bien avouer que ce passage choisi n'est pas très représentatif de « villages » d'Updike, puisque ce roman laisse un sentiment en profonde délicatesse dans votre esprit.
Je pense qu'Updike comme Roth, force le trait, cherche la provocation, et nul doute que leur éducation puritaine joue un rôle de premier plan la dedans.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire