JMG Le Clezio.
«
Je me souviens de tout ce que j’ai reçu quand je suis arrivé pour la première
fois en Afrique : une liberté si intense que cela me brûlait, m’enivrait,
que j’en jouissais jusqu’à la douleur.
Je
ne parle pas de nostalgie. Cette peine ne m’a jamais causé aucun plaisir. Je
parle de substance, de sensations, de la part la plus logique de la vie.
Je
ne veux pas parler d’exotisme : les enfants sont absolument étrangers à ce
vice. Non parce qu’ils voient à travers les êtres et les choses, mais justement
parce qu’ils ne voient qu’eux : un arbre, un creux de terre, une colonne
de fourmis charpentières, une bande de gosses turbulents à la recherche d’un
jeu, un vieillard aux yeux troubles tendant une main décharnée, une rue dans un
village africain un jour de marché, c’étaient toutes les rues de tous les
villages, tous les vieillards, tous les enfants, tous les arbres, et toutes les
fourmis. Ce trésor est toujours vivant au fond de moi, il ne peut pas être
extirpé. Beaucoup plus que de simples souvenirs, il est fait de certitudes. »
Extraits du roman l’Africain.
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