Quelle claque, mais quelle claque, mais quelle claque !
Affiche sympathique. Titre en décalage. Je n’en savais pas plus.
Heureusement, car si j’avais lu quelque part qu’il s’agissait d’un film relatant l’histoire de Juliette et Roméo, couple qui apprend du jour au lendemain que son enfant d’1 an ½ a une tumeur au cerveau, j’aurais pris mes jambes à mon cou. Les bouses lacrymales pour faire pleurer dans les chaumières ne manquent pas, en voilà une de plus (voilà ce que j’aurais pensé). Les apparences ont la peau dure, mais l’acceptation de l’inconnue permet de percer cette membrane aveuglante. Dessous, au fond, quel plaisir incroyable.
« La Guerre est déclarée » est un drame optimiste.
Il est admirablement filmé. Chaque plan pourrait être une photographie à part entière (ce qui me fait penser au cinéma d’ Hou Hsiao Hsien). La bande originale éclectique et tonitruante donne qui plus est du souffle et de l’ampleur à la narration.
Valérie Donzelli a trouvé le juste équilibre entre les moments froids et les moments chauds, la désespérance et l’espérance. Etant donné le scénario, c’est sans conteste une prouesse étonnante de ne jamais céder aux émotions faciles.
Il y a 3 ou 4 scènes quasi inoubliables.
Je pense à cette course effrénée de Juliette dans les couloirs de l’hôpital avec ce morceau électro perturbant qui fait vaciller le temps.
Je pense à ces deux discussions entre amants : L’une, le soir de l’opération d’Adam (leur enfant), où, en se tenant les bras l’un l’autre, ils mettent en lumière leurs pires craintes avec un humour ravageur. La politesse du désespoir, définitivement.
L’autre, un matin, surplombant Paris des fenêtres de l’hôpital, Roméo recadre Juliette qui s’apitoie sur la mort d’une petite fille qu’elle ne connaissait pas, ou si peu. Concentrons nous déjà sur ceux que nous aimons semble t’il lui dire en substance.
Ce cinéma là me parle, m’émeut et j’ose le mot, me bouleverse.
Il y a des évènements dans une vie qui sont des expériences à part. Adopter une attitude constructive à leur égard est le meilleur cadeau que nous pouvons nous faire. Toutes les expériences ne se valent pas, à plus forte raison, elles ne situent pas toutes sur le même plan. Parfois, en évitant même soigneusement de se « victimiser », il est légitime de penser que l’on mérite mieux que ce que nous vivons.
C’est précisément ce que Juliette ressent quand elle s’interroge : Pourquoi Adam ? Pourquoi lui ? Pourquoi nous ?
Et Roméo de lui renvoyer cette réplique moins bête que précieuse : « Parce que nous avons la force de le surmonter ».
L’espoir fait vivre.
Ce cinéma instille l’espoir. Le cinéma lui aussi, fait vivre.
Foutu chef d’œuvre !
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