Des mots frais du ciboulot.




J’ai couché chez toi cette semaine. C’est marrant, ce n’était pas prévu. Quand tu m’as donné les clés, je les ai prises sans penser à refuser mais je ne pensais pas revenir ici. Je les ai juste glissés machinalement dans le fond de mon tiroir, et pourtant, dès le lundi soir j’arrêtais mon skate au pied de ton immeuble. Je ne savais pas où tu étais, même si je me doutais – à la vitesse où vont les choses aujourd’hui – que tu devais déjà être loin. Il faisait froid dans l’entrée. Le marbre me refroidissait l’intérieur, des pieds jusqu’aux oreilles. J’attendais l’ascenseur, que cette boîte magique touche le fond. J’avais appuyé sur le bouton à destination de ton studio quand un bras s’est introduit dans l’interstice. L’ascenseur était quasiment refermé mais in extremis, j’ai trouvé le bouton de réouverture. Un homme est entré comme une furie, visiblement agacé. Il ressemblait fortement à un type avec lequel je n'avais aucune envie de parler, le genre de personne qui prend la vie au premier degré. Il a regardé avec mépris le skate que je venais d'accrocher au miroir. En vérité, je pense qu’il n’avait jamais appris à monter dessus. Il allait jusqu'au deuxième étage mais je suis descendu largement avant lui. Sur ton pallier, l’air est redevenu respirable. C’était calme et subitement apaisant. Je suis entré chez toi en faisant coulisser la fenêtre sur la gauche, posant mes affaires par terre, et je me suis allongé sur le canapé. C’était bon d’être ici. Il y avait une douce impunité à frayer ici en ton absence. Je ne savais pas combien de fois j’étais venu, vingt fois peut-être trente, qui sait, difficile à dire. En tout cas, c’était bien mieux d’être ici que dans mon petit studio qui commençait à être bourré de souvenirs. J’ai continué un moment à rêvasser dans tes coussins puis j’ai sorti mon cahier pour écrire quelques minutes. Je me suis mis à table et j’ai fini par enchaîner les mots. Après tout ce temps, j’avais oublié à quel point c’était bon. Avec cette folie du concours, j’avais presque oublié cette joie sublime. Écrire, écrire sans penser à rien d'autre qu’écrire, écrire, écrire chez cette ex qui un jour, m'a rafraîchi la vue bien proprement.


1 commentaire:

  1. Il suffit d'un sweat, un casque, un skate et un sac à dos pour effrayer les petits vieux de ma résidence.
    Beau texte, que j'aurais découvert à Montpellier. T'avais raison, j'étais déjà loin.

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