Délire massif façon Thompson.





« La bâtarde ne dort jamais, ni même ne s’apaise, elle n’arrête pas son incessant fracas, et constamment vient rouler, frapper, se briser sur la roche avec une force qui fait trembler la maison toutes les deux ou trois minutes.
Je sens la mer à mes pieds tandis que je suis assis à taper à la machine, même en ces moments de calme tendu qui signifient habituellement qu’une Grosse va nous tomber sur le coin de la figure, qu’elle est en train de se former au large, dans l’obscurité, et prépare sa folle charge contre la terre.
Ma chemise est moite, mélange de transpiration et d’embruns salés. Mes cigarettes se tordent comme du caoutchouc et le papier sur lequel je tape est tellement mou qu’il nous faut des stylos waterproof pour écrire dessus… et maintenant une immonde écume blanche avance sur ma pelouse, à deux mètres de la terrasse.
Tout le gazon risque bien de se retrouver au Fidji la semaine prochaine. La Grande Tempête de l’hiver dernier a emporté tous les mobiliers qui se trouvaient sur toutes les terrasses de cette bande côtière et a projeté des rochers gros comme des téléviseurs dans les chambres à coucher. La moitié de la pelouse a disparu dans la nuit et la piscine s’est remplie de rochers tellement gros qu’il a fallu une grue pour les sortir.
Notre piscine est désormais bien plus près de la mer. La nuit de notre arrivée, j’ai failli me faire happer vers le large par une vague alors que je me trouvais sur le plongeoir, et le lendemain, une plus grosse encore a déferlé sur la piscine, et a failli me tuer. »


Extrait du Marathon d'Honolulu.

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