Cette année, au festival de la route
du rock, j’attendais surtout le live de Chromatics. Des semaines que je
trépignais d’impatience comme un enfant errant dans les rayons de la Grande
Récré. Déjà, leur album « Night Drive » avait hypnotisé une ou deux
années de ma vie, et puis, depuis plusieurs mois maintenant, « Kill for
Love » me refaisait le coup.
La
veille du concert, c’était la nuit des étoiles et nous les regardions filer
dans le ciel. Le contour du ciel était vierge et un peu partout, on voyait passer la
lumière clignotante des avions. Quelque part derrière la maison, des chats réglaient
bruyamment leurs comptes. Dans l’air, subsistait l’écho des paroles de
Dominique A. Parfois j’entends des cris / ça monte du dehors / toujours
quand il fait nuit. J’étais un peu perdu dans mes pensées quand quelqu’un m’a demandé de faire un vœu. Et dans les minutes qui suivirent, il y eut une dizaine
d’étoiles vraiment filantes.
Avant
de trouver le sommeil, je repensais à la musique de Chromatics et je me disais
que les groupes aussi puissants pouvaient bien se compter sur les doigts d’une
seule main. Alors dans le noir, je tentais de le faire. De gauche à droite, j’imaginais le
pouce Animal Collective, l’index Radiohead, le majeur Arcade Fire, l’annulaire
Chromatics et l’auriculaire The National. Et je pensais qu’avec une telle main,
il devait être possible de remporter tous les tournois de poker de l’univers. Idée
absurde, sommeil assuré.
Le
lendemain au fort Saint-Père, le live de Chromatics fut tout bonnement magnifique.
En concert, peut-être plus encore qu’en studio, cette pop diffuse une douceur
qui vous retourne comme une crêpe. Je voulais qu’ils jouent « Lady »
et je crevais à l’idée qu’ils interprètent « Running up that Hill ». Ils l’ont fait avec beaucoup de virtuosité. J’en suis sorti comblé et avec la certitude que les choses sublimes se trouveront
toujours au-delà des mots. I
was always looking for lady / but baby you’re so far away. C’est simple. Le chant de
Ruth Radelet est une beauté dont on aimerait ne jamais devoir sortir. Un
envoûtement qui vous secoue de l’aorte à la carotide et qui finit par vous descendre jusqu'aux tripes.
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