Regarder la réalité en farce - ou presque.




Sobriété quand tu nous tiens.
           
            Le prof le plus remarquable que j’ai eu, est aussi, celui que j’ai le plus détesté. Il nous disait que l’on reconnait une démocratie à 2 composantes : le kiosque et l’isoloir.
Et il est vrai que, les devantures de kiosques sont bavardes. A Brest, elles attirent l’« amateur  d’armes et de guerres » ; Dans les contrées du Centre-Bretagne, elles font de l’œil au « mordu de faits-divers » ; A Nantes, elles titillent « l’intello » ; C’est ainsi que le plaisir ressenti, en lisant « La Matricule des Anges », « Clés » et « Esprit », m’a consolé d’être devenu un intello.

            Dorénavant, je feuillète même la presse spécialisée (féminine, adolescente…), ainsi que des revues en déroute (chasse, jet-ski,  et tutti quanti), et croyez-moi, ces errances sont instructives, car, ces journalistes savent à qui ils s’adressent.

            Tout à l’heure, quand j’ai demandé au Dieu Google, « comment devenir » ou « comment ne pas devenir », il me proposait de devenir vampire ou ninja, et me déconseillait de devenir chauve, gay ou précoce.
Plus surprenant, il m’était à la fois conseillé et déconseillé de devenir anorexique. Preuve que, non seulement la Toile a une mémoire en béton, mais aussi, qu’elle est dénuée d’une capacité humaine majeure : l’Oubli. Les logarithmes s’en tapent complètement.








Comme des bassins elliptiques.

            Au départ, la connexion entre cette couverture et ce titre ridicules, m’attire. C'est peut être le cas d’ailleurs, parce que je sais que les liens improbables sont, parfois, essentiels. J’ai conscience par exemple, qu’un tel lien s’est solidifié en moi, tel un pont, absurde et vital, conduisant l’écriture à la natation (flux), et la natation à l’écriture (reflux). Ah, mince, je ne suis pas ha… futé. C’est plutôt vague.

            Bref. Passons. Pour user d’une tournure à la Desproges, soit JBG n’est pas un écrivain, et ça m’étonnerait ; soit JBG est un écrivain, et ça m’étonnerait encore plus.

            Car il est évident d’emblée, que « Comment devenir un Dieu vivant », prend l’eau. Lisez plutôt ce résumé, en 53 mots : Will est un vendeur de journaux menant une existence fadasse. Et, alors que sa boite aux lettres, se retrouve pilonnée, par des prospectus promettant « le retour de l’être aimé, la réussite aux examens et une bonne grosse trique », ce passionné de Scrabble, découvre sa stérilité, en se rendant à la banque du sperme. Voyez le tableau. Dommage donc, que la série TV H et les morceaux d'Orelsan, aient déjà essuyés ces plâtres, avec plus de panache.
Mais, si certains revirements sont peu convaincants (Will devient un apôtre de la « fin du monde en douceur »), de belles trouvailles, sont, aussi, à prévoir. En voici une qui peut, je l’espère, trouver écho : « On pouvait modéliser l’état du discours télévisé dans cette équation calamiteuse : Premièrement, on vous explique que l’Autre est très dangereux. Deuxièmement, on vous explique qu’il est interdit de critiquer l’Autre. »

            Mais, c’est en fait, en se moquant des apôtres de la fin du monde (prévue pour le 21 décembre 2012 – l’heure n’étant pas précisée), que le bouquin est tranchant. D’ailleurs, selon Will, cette échéance semble avoir, par avance, le même effet que le 11 septembre 2011 : « Je l’avais constaté le 12 septembre 2001. Les gens avaient l’air tellement excités d’avoir enfin quelque chose à se dire ».

            Bon, «il faut dire la vérité» (entendu à la TV), car, en fait, cette prédiction cache l’essentiel. Il y a peu, j’ai appris, sur des ondes radiophoniques désertées, que le minitel allait disparaitre, avant l’apocalypse. Ce qui m’a fait froid dans le dos. Comme si, on m’annonçait, la mort de Jean Luc Godard*. C’est terrible. Vous saviez, vous, qu’il existait encore ?

            Enfin, je laisse la parole à l’octogénaire de la page 100 : « J’ai vécu, j’ai engendré et personne ne me le reproche. Je n’ai pas peur de la mort, mais je vois bien que mes petits enfants ont peur de la vie. » CQFD.


* Pour le lecteur (ou lectrice) tatillon(e), je précise que Godard se présente, lui-même, comme « le plus célèbre réalisateur que l’on croit mort, mais qui ne l’est pas ». 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire