Laboratoire sonore d'EZ3kiel (Mercredi 7 décembre 2011)



            Dans la rue centrale des nefs, l’éléphant, occupant des mécaniques poétiques, se reposait à l’abri d’une pluie fine. En marge, la verrière du Stereolux s’illuminait d’un rose diffus. A peine abordé, l’univers d’EZ3kiel faisait déjà florès. Double prélude en cœur de semaine : initiation aux expérimentations des tourangeaux, prémices à une exposition au château des ducs de Bretagne. Là où l’orgue à flacons sera pris d’assaut par les enfants, mieux, les grands enfants. Certains auront peut être même la chance de se balader sur la bicyclette d’exploration, sans être arrachés à leurs propres rêveries. Je le leur souhaite.

            Sur scène, les danseuses du « Lac des Signes » prendront le temps de s’évanouir, s’abandonnant dans l’air instantané, pour diffuser quelques poussières. Le groupe, en triturant notes et images, donne vie à une belle étreinte lyrique et spirituelle. Rétrospectivement, je réalise que les collages minutieux d’EZ3kiel se nourrissent de cinéma et de jeux-vidéo. Une telle fusion de sources laisse penser que l’ère numérique qui vient de s’ouvrir n’aura rien du monstre froid tant redouté. Une subtile rancœur vacille, s’inclinant face aux joies du sens, des sens, du sensationnel.

            Les opportunités sont fantasques et les fantasmes saisissants. Sur le morceau « The Wedding », EZ3kiel creuse sa voie onirique. L’image, vue comme océan de possibilités, est mise en mouvement par chaque membre du quatuor. Couleurs, lumières, profondeurs, composantes malmenées par cet ingénieux voyage. La face obscure percera sur « Break or Die », avec deux batteries fracassées qui impriment une rythmique d’enfer. Talent et perfectionnisme dessinent ici une incandescence de l’art. Vous savez, une chronique sans citation étant pour moi comme un repas sans dessert, une aberration, une idée churchillienne apparait maintenant. Le premier ministre Anglais, dont la fréquentation des idées (notamment en période de diète) est des plus stimulantes, disait qu’ « un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, alors qu’un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté ». Au-delà de la noirceur apparue, les tourangeaux sont, en ce sens, purement optimistes. Finalement, cette bulle retentissante, circulant dans le public, de mains en mains, en fut la preuve mouvante et matérielle.

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