Jean Marie Gustave Le Clézio - Révolutions (2004)



JM Gustave Le Clezio, Prix Nobel de littérature en 2008 :
Il y a quelque chose d’intimidant dans tout ça, surtout en sachant que les autres français à avoir reçu ce prix au cours de la seconde partie du XXème siècle, sont notamment : Albert Camus, François Mauriac et Jean Paul Sartre.
Honnêtement, c’est ce prix qui m’a intrigué et donné envie de lire Le Clézio.
Quoi qu’on en dise, il est effectivement rare que les romanciers récompensés par le prix Nobel, produisent des écrits insipides.

Je me suis donc procuré « Revolutions », que j’ai littéralement dévoré.
Tout d’abord, je crois que l’énorme qualité de ce roman tient dans l’engagement de l’auteur. J’entends par là qu’il n’hésite pas à mettre une grande part de lui-même dans le personnage principal : Jean Marro.

Le périple est vertigineux, allant de la Bretagne de la fin du XVIIIème siècle, à l’ile Maurice du début du XIXème siècle, ainsi qu’à Nice et Londres, et enfin, l’Algérie et le Mexique des 60’s.
De l’audace et de l’ambition, voila ce qui soutient le tout de manière admirable.
Il serait bien présomptueux et inutile de vouloir résumer le tout ; simplement, je veux retenir cette description savoureuse du Nice des 60’s (quasi « monstre froid »), et l’appartement de Cathy Marro, cette tante incroyable qui n’a de cesse d’évoquer devant son neveu, l’ile Maurice de son enfance.

Cela peut paraitre éculé, mais il y a des sons et des odeurs dans l’écrit de JMG.
Encore plus galvaudé peut être (mais que dire d’autre), le tout est d’une poésie, belle à s’en tordre de plaisir et de douleur, le tout à la fois.
La guerre d’Algérie, l’esclavagisme à Maurice, la piraterie, les grandes guerres, le mouvement des grandes mégalopoles….
la jeunesse, la mémoire, le sexe, les études… tout ça est d’une richesse, que je n’aurai jamais soupçonnée.

Il y a dans le choix des mots chez Le Clezio, une épure totale.

« Peut-être que c’est elle qui l’a touché la première, elle a caressé son corps de haut en bas, en s’attardant sur le creux du ventre, juste sous les côtes, là où la peau humaine est très douce, où on sent battre l’artère.
Puis d’un seul coup l’amour est redevenu facile. Le désir, les corps qui se mélangent, un seul cœur, un seul souffle, un seul regard, comme avant quand Mariam s’amusait à voir grandir la pupille qui envahissait tout le champ, quand la pointe de sa langue touchait un point très précis sur la voûte du palais et que Jean ne savait plus si c’était lui en elle ou elle en lui. Plus rien d’autre, plus rien autour, loin de cette cité, ayant tout laissé, partis ailleurs, flottant, volant, ou rêvant ».

Je vais botter en touche pour finir, par une citation d’un autre grand monsieur de la littérature, qui résume parfaitement « Révolutions » :

« Composer un roman c’est juxtaposer différents espaces émotionnels, et c’est là l’art le plus subtil du romancier. »  Milan Kundera

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